La capitale sénégalaise a accueilli, vendredi, une projection remarquée du film Le Répondeur de la réalisatrice française Fabienne Godet, sorti en salle le 4 juin dernier. Organisée à Dakar, cette séance a permis au public de découvrir une œuvre singulière qui interroge, avec sensibilité et humour, la frontière entre solitude artistique et besoin de présence humaine.
D’une durée d’une heure quarante-cinq, le long-métrage met en scène Pierre Chozène, un écrivain célèbre en quête de silence pour achever son œuvre la plus ambitieuse. Pour se couper des sollicitations de son entourage sans recourir à une simple messagerie vocale, il engage Baptiste, un imitateur de talent, chargé de répondre à sa place au téléphone… en se faisant passer pour lui.
Le synopsis dévoile peu à peu les contours de cette relation particulière : Baptiste prend le contrôle de la voix sociale de Pierre, interagissant avec ses proches – fille, ex-femme, amis, éditeur, collaborateurs – sans jamais révéler sa véritable identité. Une mission délicate qu’il mène avec finesse, jusqu’à ce que quelques erreurs viennent perturber l’illusion, mais ouvrent également la voie à des révélations inattendues.
« Le personnage de Pierre Chozène n’avait pas seulement besoin qu’on filtre ses appels, il avait besoin que quelqu’un prenne en charge sa vie pendant qu’il tentait de reprendre la sienne en main », a confié Salif Cissé, acteur principal du film, dont la mère est d’origine sénégalaise.
Interrogé par l’APS en marge de la projection, Cissé – également coscénariste – a souligné la volonté de l’écrivain de préserver l’authenticité des relations humaines, loin des filtres technologiques. « Il voulait un humain, pas une machine. Quelqu’un capable d’improviser, de comprendre, de faire illusion, mais surtout d’apporter une présence réelle, même déguisée », a-t-il expliqué.
Pour Fabienne Godet, cette immersion dans les dérives d’un écrivain reclus vise à questionner notre dépendance au téléphone, mais aussi à mettre en lumière le besoin irréductible de contact humain. « Baptiste finit par faire des erreurs, oui, mais ces erreurs permettent à Pierre de se reconnecter à lui-même et aux autres, de se libérer de cette addiction au portable qui nous touche tous », a déclaré la réalisatrice.
Après sa sortie en France, Le Répondeur poursuivra son parcours international avec une projection prévue en novembre prochain au Brésil. Une œuvre à la fois cocasse et émouvante, qui sonde avec délicatesse le cœur de nos solitudes modernes.
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