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VU ET APPROUVÉ
« FEZ SUMMER’ 55 »
CETTE ANNÉE-LÀ…
voir et à revoir, ce film à la fois captivant
et émouvant du réalisateur Abdelhay
Laraki, sorti en salles nationales le 11 janvier
2024, date anniversaire de la signature
du Manifeste de l’indépendance.
Si Abdelhay Laraki a fait œuvre utile, dans son dernier
opus « Fez Summer’ 55 », en revenant sur une période
importante de notre histoire nationale, il offre aussi,
et avec bonheur, un rare moment de cinéma.
Sur les toits de la médina de Fès, sa ville natale, et sur fond
de lutte contre l’occupation, « Fez Summer’ 55 », nous
fait revivre les derniers mois du Maroc sous Protectorat
français, un Maroc qui se bat pour le retour du Sultan
Mohamed Ben Youssef et pour son Indépendance.
Mais « Fez Summer’ 55 », c’est aussi la très jolie histoire
d’un jeune garçon, Kamal, 11 ans, confronté à la fois aux
événements qui secouent le pays, et à ses premiers émois
amoureux pour Aïcha, sa voisine de terrasse, engagée dans la
résistance avec les étudiants-résistants d’Al Quaraouiyine.
Comme dans un conte, c’est à travers le regard innocent
de ce gamin amoureux que le souvenir partagé de notre
histoire commune nous est rendu, dans une subtile
partition de très belles images et de fortes émotions.
À force d’épier la belle Aïcha et de l’escorter dans
les dédales de la médina, le petit Kamal, si habile à
escalader les toits de Fès, finit par se joindre à elle et ses
camarades et à devenir lui aussi un fier « mouqawim ».
Bien que l’heure soit à la guerre, cela n’empêche nullement la
caméra d’Abdelhay Laraki de nous combler de magnifiques
images de cette médina sublimée qui vibre au son strident
des youyous des femmes, comme aux chansons d’Asmahane,
qui dissimule des amours secrètes, qui fleure bon les
parfums subtils des jardins andalous et du thé à la menthe,
tout en luttant impitoyablement pour sa libération.
Les adjectifs manquent pour qualifier ce film qui nous
réconcilie définitivement avec notre cinéma marocain.
Du scénario à la mise en scène, de l’interprétation
aux décors et aux costumes, et surtout grâce à cette
éblouissante photographie, l’esthétique de « Fez
Summer’ 55 » et son impact émotionnel fusionnent
admirablement, pour un très bon moment de cinéma.
Keltoum GHAZALI
Cinenews Janvier - Mars 2024