Page 9 - Cinenews-N°108-flipbook-Janvier-février-2024
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           VU ET APPROUVÉ


           « FEZ SUMMER’ 55 »


           CETTE ANNÉE-LÀ…





                                                         voir et à revoir, ce film à la fois captivant
                                                         et émouvant du réalisateur Abdelhay
                                                         Laraki, sorti en salles nationales le 11 janvier
                                                         2024, date anniversaire de la signature
                                                         du Manifeste de l’indépendance.
                                               Si Abdelhay Laraki a fait œuvre utile, dans son dernier
                                               opus « Fez Summer’ 55 », en revenant sur une période
                                               importante de notre histoire nationale, il offre aussi,
                                               et avec bonheur, un rare moment de cinéma.
                                               Sur les toits de la médina de Fès, sa ville natale, et sur fond
                                               de lutte contre l’occupation, « Fez Summer’ 55 », nous
                                               fait revivre les derniers mois du Maroc sous Protectorat
                                               français, un Maroc qui se bat pour le retour du Sultan
                                               Mohamed Ben Youssef et pour son Indépendance.
                                               Mais « Fez Summer’ 55 », c’est aussi la très jolie histoire
                                               d’un jeune garçon, Kamal, 11 ans, confronté à la fois aux
                                               événements qui secouent le pays, et à ses premiers émois
                                               amoureux pour Aïcha, sa voisine de terrasse, engagée dans la
                                               résistance avec les étudiants-résistants d’Al Quaraouiyine.
                                               Comme dans un conte, c’est à travers le regard innocent
                                               de ce gamin amoureux que le souvenir partagé de notre
                                               histoire commune nous est rendu, dans une subtile
                                               partition de très belles images et de fortes émotions.
                                               À force d’épier la belle Aïcha et de l’escorter dans
                                               les dédales de la médina, le petit Kamal, si habile à
                                               escalader les toits de Fès, finit par se joindre à elle et ses
                                               camarades et à devenir lui aussi un fier « mouqawim ».
                                               Bien que l’heure soit à la guerre, cela n’empêche nullement la
                                               caméra d’Abdelhay Laraki de nous combler de magnifiques
                                               images de cette médina sublimée qui vibre au son strident
                                               des youyous des femmes, comme aux chansons d’Asmahane,
                                               qui dissimule des amours secrètes, qui fleure bon les
                                               parfums subtils des jardins andalous et du thé à la menthe,
                                               tout en luttant impitoyablement pour sa libération.
                                               Les adjectifs manquent pour qualifier ce film qui nous
                                               réconcilie définitivement avec notre cinéma marocain.
                                               Du scénario à la mise en scène, de l’interprétation
                                               aux décors et aux costumes, et surtout grâce à cette
                                               éblouissante photographie, l’esthétique de « Fez
                                               Summer’ 55 » et son impact émotionnel fusionnent
                                               admirablement, pour un très bon moment de cinéma.
                                               Keltoum GHAZALI







                                                                                    Cinenews Janvier - Mars 2024
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