Page 3 - Cinenews-N°112
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ÉDITO



















                           D D            Et le public


                                          dans tout ça ?



                                          epuis le 1  septembre 2025, une nouvelle
                                                 er
                                          loi est entrée en scène : la loi n°18.23, censée
                           redessiner les contours de l’industrie cinématographique
                           marocaine. Derrière ses articles et décrets, une ambition affichée :
                           structurer, professionnaliser, et faire rayonner le 7e art national.
                           Mais au-delà des intentions, que nous dit cette réforme sur l’état
                           du cinéma au Maroc — et sur ce qu’il pourrait devenir ?
                           La loi introduit un cadre juridique plus précis pour les
                           producteurs, distributeurs, exploitants de salles, techniciens
                           et festivals. Elle promet des cartes professionnelles mieux
                           encadrées, des autorisations de tournage plus transparentes, et
                           des studios labellisés selon des critères définis. En somme, une
                           tentative de mettre de l’ordre dans un secteur longtemps marqué
                           par l’informel et les zones grises.
                           Les professionnels ont jusqu’à août 2026 ou 2030 pour se
                           conformer aux nouvelles exigences. Un calendrier généreux,
                           certes, mais qui pose une question : comment accompagner
                           concrètement les acteurs du terrain, souvent précaires, pour
                           qu’ils ne soient pas laissés sur le bas-côté ?
                           Le texte mise sur l’attractivité du Maroc pour les tournages
                           internationaux, sur la création d’emplois, et sur le
                           développement des infrastructures. Il s’inscrit dans une logique
                           de compétitivité, avec l’espoir que le cinéma devienne un
                           moteur culturel et économique. Mais cette ambition ne doit pas
                           faire oublier les enjeux artistiques, identitaires et sociaux qui
                           traversent le cinéma marocain.
                           Et le public dans tout ça ? Car au bout de la chaîne, il y a les
                           spectateurs. Ceux qui attendent des films marocains audacieux,   EN COUVERTURE
                           des salles accessibles, des festivals vivants. La loi n°18.23 ne parle
                           pas directement d’eux, mais c’est bien pour eux — et avec eux
                           — que le cinéma doit se réinventer. La réforme est là. Elle ouvre
                           des portes, fixe des règles, et trace des perspectives. Mais elle ne
                           suffira pas à elle seule à faire du Maroc une terre de cinéma. Il
                           faudra de la volonté, du soutien, et surtout, une vision partagée
                           entre les institutions, les créateurs et le public. Le scenario est
                           écrit. Moteur… action ! K.G.


                 «Si tu veux faire un film, fais-le. N’attends pas une                 LEONARDO DI CAPRIO
                 subvention, n’attends pas les circonstances parfaites,                À l’affiche en septembre
                                                                                       dans «UNE BATAILLE
                 fais-le.»                                                             APRÈS L’AUTRE».
                 Quentin Tarantino
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