Que d’émotion, de belles rencontres, de découverte sur ce nouveau cinéma, incarné par les premières œuvres des réalisateurs du monde. Flash-back sur les moments forts du FIFM 2024, en attendant le Palmarès.
La soirée d'ouverture a été un moment plein d'émotion, marqué par le discours du Président du Jury, qui n’a pas caché sa joie de se retrouver au Maroc, un pays où sa mère a vécu. « Elle était marocaine de cœur, et de cœur, je suis à moitié marocain aussi ! », a-t-il lancé, tout sourire.
La projection du film d'ouverture a donné le ton de cette 21e édition. The Order, signé Justin Kurzel, est un pamphlet puissant contre l’extrémisme et le fanatisme, plongée glaçante dans l’histoire d’un groupe suprémaciste blanc et antisémite aux États-Unis, responsable de meurtres et d’attentats dans les années 80. Un thriller historique dont l’actualité résonne fort, interrogeant la violence passée et ses résonances dans notre époque. Justin Kurzel nous invite à réfléchir sur l’évolution, et la persistance, des idéologies extrémistes.
Le Festival a aussi pris une tournure résolument engagée lors de la conférence de presse du jury, ce samedi 30 novembre. Luca Guadagnino, président du jury, a ouvert le débat avec un propos enflammé : « Nous avons un ennemi contre lequel il faut lutter sans relâche : le goût industriel. Ce conformisme qui impose des normes et des standards pour plaire à tout le monde. Le cinéma, lui, est une porte ouverte à des idées et des visions radicalement différentes. Il prend conscience des enjeux mondiaux et a ce pouvoir unique de libérer l’imaginaire. »
La journée a continué sur sa lancée avec Justine Triet, Palme d’Or à Cannes pour Anatomie d’une chute, qui s’est prêtée à une conversation inspirante avec le public. « Je choisis des personnages qui ont une vision du monde », a-t-elle confié. « Je filme des femmes parce que j’en suis une, mais aussi parce qu’elles offrent une richesse narrative incomparable. »
Et puis, samedi après-midi, le théâtre Meydene était déjà bondé avant même l’arrivée de l’énigmatique Tim Burton, dont la conversation a tenu toutes ses promesses. Avec une simplicité désarmante, Burton a évoqué sa vision créative : « La créativité, c’est toujours animé par quelque chose : la revanche, l’amour, la passion », a-t-il expliqué. Il a aussi parlé de sa relation particulière avec l’industrie du cinéma. « Les studios, c’est une étrange famille. Parfois ils vous aiment, parfois ils vous rejettent », a-t-il lancé avec un sourire.
En soirée, la scène était à Sean Penn, qui a reçu l’Étoile d’Or des mains de l’actrice italienne Valeria Golino. Lors de son discours, sobre mais puissant, il a remercié le Maroc, sa Majesté le Roi Mohammed VI, et le Prince Moulay Rachid. « L’art n’est jamais neutre », a-t-il déclaré, invitant chacun à être politiquement incorrect, à s’engager dans la diversité, et à ne jamais cesser de raconter des histoires.
Dimanche, le Festival a continué sur sa lancée, avec des projections, des rencontres et de nouvelles conversations. Parmi les temps forts : David Cronenberg, Alfonso Cuarón et Monica Bellucci ont pris la parole, offrant au public un aperçu de leur vision du cinéma. « La condition humaine est d’abord physique », a déclaré Cronenberg, fidèle à son univers radical.
Quant à Cuarón, il a partagé sa philosophie de travail, insistant sur l’importance de l’adaptabilité. « Le manque de budget peut parfois stimuler la créativité de façon inattendue», a-t-il expliqué. Il a aussi raconté sa méthode de préparation, préférant se concentrer sur l'instant présent une fois le tournage lancé : « Dès que le tournage commence, tout s’enchaîne. »
A quelques pas de là, au Musée Yves Saint Laurent, le public a pu découvrir le documentaire Maria Callas Monica Bellucci : une rencontre. Monica Bellucci, présente lors de la projection, a pris un moment pour échanger avec les spectateurs. « J’ai pris un grand risque en montant sur scène », a-t-elle confié avec une sincérité touchante, « mais c’est un exercice qui exige une grande franchise avec le public. »
Et durant toute la semaine, le Festival a poursuivi sa belle aventure avec de nouvelles projections, rencontres et échanges, toujours dans cet esprit de découverte et de partage grâce au pouvoir du cinéma.
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