Meryl Streep sera l’invitée d’honneur de la cérémonie d’ouverture du 77e Festival de Cannes qui se déroulera le mardi 14 mai sur la scène du Grand Théâtre Lumière. Figure célébrée du cinéma américain, l’actrice américaine donnera le coup d’envoi de cette nouvelle édition qui s’achèvera le samedi 25 mai par le Palmarès de la Présidente du Jury, Greta Gerwig.
Après Jeanne Moreau, Marco Bellocchio, Catherine Deneuve, Jean-Pierre Léaud, Jane Fonda, Agnès Varda, Forest Whitaker ou Jodie Foster, Meryl Streep recevra à cette occasion une Palme d’or d’honneur. 35 ans après son Prix d’interprétation pour Un cri dans la nuit, qui reste à ce jour sa seule apparition au Festival de Cannes, elle fera un retour aussi rêvé qu’espéré sur la Croisette.
« Je suis extrêmement honorée d’apprendre que je vais recevoir ce prix prestigieux. Remporter une récompense à Cannes, pour la communauté internationale des artistes, a toujours représenté la plus haute distinction dans l’art de la réalisation cinématographique. Se tenir dans l’ombre de ceux qui ont déjà été récompensés est à la fois une leçon d’humilité et une expérience palpitante. J’ai hâte de venir en France pour remercier en personne chacune et chacun en mai prochain ! » déclare Meryl Streep.
« On a tous quelque chose en nous de Meryl Streep ! déclarent Iris Knobloch et Thierry Frémaux. On a tous quelque chose en nous de Kramer contre Kramer, du Choix de Sophie, d’Out of Africa, de Sur la route de Madison, du Diable s’habille en Prada ou encore de Mamma Mia. Parce qu’elle a traversé près de 50 ans de cinéma et habité d’innombrables chefs-d’œuvre, Meryl Streep fait partie de notre imaginaire collectif, de notre cinéphilie commune. »
Après des études théâtrales et des premiers succès sur les planches new-yorkaises, la carrière de Meryl Streep décolle sur grand écran en 1978 avec Voyage au bout de l’enfer par l’intermédiaire de Robert De Niro. Dans le film de Michael Cimino, elle s’attache à donner nuance et profondeur à son personnage en écrivant ses répliques. Cela marque à la fois sa première nomination aux Oscars – elle en comptabilise aujourd’hui 21, un record – et son exigence à incarner des femmes fortes et ambivalentes. Ainsi, lorsqu’elle donne la réplique à Dustin Hoffman dans Kramer contre Kramer, elle refuse que ce film tourne autour du personnage masculin et réécrit un monologue crucial. Elle décroche alors son premier Oscar, s’imposant rapidement auprès du public et de l’industrie.
Meryl Streep met son intuition et sa force de travail à contribution pour se réinventer à chacune de ses apparitions. Même à l’échelle d’un film : dans La Maîtresse du lieutenant français de Karel Reisz, elle joue deux rôles différents. Dans Le Choix de Sophie d’Alan J. Pakula, elle questionne par son jeu un dilemme moral inconcevable pour une mère. Pour ce personnage, elle n’hésite pas à apprendre l’allemand et le polonais pour en prendre l’accent – Andrzej Wajda lui-même le trouva impeccable – et obtient l’Oscar de la meilleure actrice.
L’inoubliable fresque historique et romantique Out of Africa (1985) de Sydney Pollack marque un nouveau tournant où elle forme avec Robert Redford l’un des couples les plus mythiques du cinéma. Loin de se cantonner au registre de la passion amoureuse, Meryl Streep s’aventure aussi dans des personnages plus obscurs. Dans Un cri dans la nuit de Fred Schepisi (1988), elle n’hésite pas à jouer une mère accusée d’infanticide. Sa performance est couronnée du Prix d’interprétation lors du Festival de Cannes 1989.
Les années 1990 sont pour elle l’occasion de s’essayer à la comédie grinçante : elle tord le cou aux stéréotypes féminins dans Bons Baisers d’Hollywood de Mike Nichols et La Mort vous va si bien de Robert Zemeckis. Avec Sur la route de Madison, elle crève l’écran aux côtés de Clint Eastwood dans une histoire d’amour aussi impossible qu’intemporelle qui marque l’histoire du cinéma.
Tout au long de sa carrière, Meryl Streep ne craint pas de dénoncer publiquement la précarité des femmes dans l’industrie du cinéma. Consciente des enjeux de la représentation des femmes dans le cinéma hollywoodien et soucieuse d’incarner toutes leurs facettes dans leur complexité et leur fragilité, Meryl Streep varie les registres et les genres. Après The Hours de Stephen Daldry et The Last Show de Robert Altman c’est dans deux rôles aussi drôles qu’inattendus qu’elle marque une nouvelle fois les esprits : l’acariâtre rédactrice en chef d’un magazine de mode dans Le Diable s’habille en Prada puis Donna, une hippie qui marie sa fille dans la comédie musicale Mamma Mia. On la retrouve ensuite dans des biopics (La Dame de fer, Florence Foster Jenkins, Julie et Julia), dans des satyres politiques (Lions et Agneaux, Pentagones Papers, Don’t Look Up) ainsi que dans des films familiaux comme Les Quatre Filles du Docteur March réalisé par la Présidente du Jury du 77e Festival de Cannes, Greta Gerwig.
Deux femmes, deux générations, deux exigences, et la même passion pour le 7e Art réunies sur la scène du Grand Théâtre lumière.
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