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DANS L’ŒIL DE LA CAMÉRA















          Nabil Ayouch

          « C’est mon


          le film le plus



          autobiographique »






          À LA VEILLE DE LA SORTIE NATIONALE DE SON DERNIER
          FILM, « HAUT ET FORT », RENCONTRE AVEC NABIL
          AYOUCH.






        Le centre culturel « Les étoiles   qu’ils abordaient et là, en effet,   capter cette pure réalité. On a
        de Sidi Moumen » existe depuis   j’ai eu envie de les rencontrer, de   l’impression que c’est seulement
        sept ans déjà, il était évident   m’intéresser à eux. C’est ainsi qu’est   la caméra qui se promène et
        que cette idée de scénario allait   née l’idée du film.         qu’ils sont livrés à eux-mêmes,
        vous venir à l’esprit. Quel a été                               alors qu’on suppose que non.
        le déclic ?                     Tourner avec des castings non   Justement, l’essentiel du travail,
        Très honnêtement, ce n’était pas   professionnels, c’est un peu   était de protéger la vérité, de leur
        évident du tout pour moi de faire   votre marque de fabrique.   dire « ne jouez surtout pas, soyez,
        un film là-bas. En tout cas, moi, ça   Comment cela s’est-il passé avec   existez, mais ne jouez pas ». C’est
        ne m’était jamais venu à l’esprit.  les jeunes ? Comment avez-vous   de casser certains ressorts et de les
                                        pu les diriger ?                préserver dans quelque chose de
        Il y avait bien quelque chose à   J’ai dirigé ce casting selon des   plus naturel possible afin que la
        raconter à travers l’histoire de   méthodes de travail que j’emploie   frontière entre le réel et la fiction
        ces jeunes qui parviennent à    depuis maintenant quelques      soit la plus floue possible, et qu’on
        s’accomplir grâce au hip-hop ?  années, en m’adaptant chaque fois   ne puisse pas la lire. Et ça, ce n’était
        Oui, complètement. Mais c’est   aux situations nouvelles. J’aime   pas évident.
        simplement avec l’observation   beaucoup travailler avec des
        du réel, l’histoire de cet ancien   comédiens professionnels, mais   Le personnage du prof, Anas,
        rappeur, Anas, qui débarque     j’adore aussi travailler avec des   est central. On remarque que
        un jour au Centre, qui a envie   non professionnels, en tout cas   c’est un personnage récurrent
        d’enseigner le hip-hop et       des comédiens pour qui c’est une   dans votre filmographie.
        transmettre à ces jeunes une voie   première fois. J’aime la notion de   Pourquoi ?
        d’expression à travers cet art.   première fois.                Je pense qu’il y a deux raisons.
        Lorsque j’ai assisté à leur spectacle,                          La première, c’est ma mère, avec
        j’ai vu qu’il y avait un talent fou,   Ils sont bluffants de sincérité.   qui j’ai grandi, et qui était prof de
        et surtout des sujets importants   Comment êtes-vous parvenu à   banlieue. Nous vivions à Sarcelles.
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