Page 21 - Cinenews-N°110-Septembre-Octobre 2024
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Était-ce important pour vous
d’évoquer ces sujets très tabous ?
Majdouline Idrissi : Absolument, c’était très
important pour moi de traiter ces sujets tabous.
En tant qu’actrice, je ressens une responsabilité
envers le public, celle de mettre en lumière des
sujets souvent dissimulés ou ignorés dans notre
société. L’art, et particulièrement le cinéma,
a la capacité d’ouvrir un dialogue autour de
ces questions difficiles et de donner une voix à
ceux qui souffrent en silence. Quand on aborde
des sujets comme les abus sexuels ou le trafic
d’organes, il ne s’agit pas seulement de toucher
le spectateur ou de le choquer, mais de susciter
une réflexion, d’éveiller les consciences et peut-
être de contribuer à un véritable changement
social. Ces sujets ne sont pas faciles, mais ils sont
nécessaires, car ils touchent à nos vies et à celles
des gens qui nous entourent. Choisir de traiter
ces questions, c’était pour moi un engagement
envers mon public et envers l’art lui-même.
Aziz Dadas : Pour moi aussi, ce rôle a représenté
une responsabilité. Ouvrir un débat autour
de ces questions sensibles, non seulement
pour éveiller les consciences, mais aussi pour
créer un impact profond sur les spectateurs.
Aborder des thèmes aussi complexes et
délicats, c’est une opportunité de poser des
questions cruciales sur l’humanité, la morale,
et les valeurs de notre société. En racontant ces
histoires à l’écran, nous allons au-delà du simple
divertissement, pour véhiculer des messages
qui doivent être entendus et compris dans
toute leur profondeur. Participer à « TRIPLE
A », c’était l’occasion de changer la perception
générale de sujets souvent négligés ou niés.
Qu’est-ce qui vous a plu dans le Est-ce que cela a été des rôles difficiles
scénario de « Triple A » ? à interpréter, dans ce registre à la
Majdouline Idrissi : Avant d’être une réalisatrice fois dramatique et comique ?
talentueuse, Jihane El Bahhar est une scénariste Majdouline Idrissi (riant) : Je dis toujours à
hors pair. Elle dessine ses personnages Jihane que travailler avec elle, c’est une grosse
avec une précision extrême et choisit ses galère ! Elle me pousse à faire des choses que
histoires avec un sérieux impressionnant. je n’ai jamais faites auparavant. Jihane a une
J’ai une confiance totale dans ses choix. vision précise à laquelle elle ne renonce pas
Jihane m’a offert des rôles qui comptent tant qu’elle n’a pas atteint exactement ce qu’elle
énormément dans ma carrière artistique. souhaite. Travailler avec elle est difficile, certes,
mais aussi extrêmement gratifiant. Ses rôles
Aziz Dadas (l’interrompant) : Pour être sont exigeants parce qu’ils sont remplis de
honnête, je peux accepter un nouveau projet défis, mais le résultat à l’écran fait que tous
de Jihane El Bahhar avant même de lire le les efforts et la difficulté en valent la peine.
scénario. Elle est exigeante avec elle-même
avant de l’être avec ses acteurs, et c’est Aziz Dadas : Mon rôle dans « TRIPLE A » était
quelque chose que ni Majdouline ni moi ne vraiment difficile, car il était très différent de ce
pouvons qu’admirer et respecter chez elle. que j’avais fait auparavant. C’est un rôle d’anti-
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